Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/626

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vriers ; il avait toujours été juste et bon pour eux ; mais quoique la place que sa mère laissait dans son cœur dût à jamais rester vide, il se sentit pour ainsi dire un redoublement d’affectuosité, éprouvant d’autant plus le besoin de voir autour de lui des gens heureux, qu’il souffrait davantage ; bientôt les merveilleuses améliorations qu’il apporta au bien-être physique et moral de tout ce qui l’entourait, servirent, non de distraction, mais d’occupation à sa douleur. Peu à peu aussi, il s’éloigna du monde et concentra sa vie dans trois affections : une amitié tendre, dévouée, qui semblait résumer toutes ses amitiés passées ; un amour ardent et sincère comme un dernier amour ; et un attachement paternel pour ses ouvriers…

Ses jours se passaient donc au milieu de ce petit monde rempli de reconnaissance, de respect pour lui, monde qu’il avait pour ainsi dire créé à son image, à lui, afin d’y trouver un refuge contre les douloureuses réalités dont il avait horreur, et de ne s’entourer ainsi que d’êtres bons, intelligents, heureux et capables de répondre à toutes les nobles pensées qui lui devenaient pour ainsi dire de plus en plus vitales.

Ainsi, après bien des chagrins, M. Hardy, arrivé à la maturité de l’âge, possédant un ami