Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/112

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très-animé. Sauf deux avant-scènes des premières, l’une à droite, l’autre à gauche du spectateur, toutes les places étaient occupées.

Un grand nombre de femmes très-élégantes, attirées comme toujours par l’étrangeté sauvage du spectacle, garnissaient les loges. Aux stalles se pressaient la plupart des jeunes gens qui, le matin, avaient parcouru les Champs-Élysées au pas de leurs chevaux.

Quelques mots échangés d’une stalle à l’autre, donneront une idée de leur entretien.

— Savez-vous, mon cher, qu’il n’y aurait pas une foule pareille et une salle si bien composée pour voir Athalie ?

— Certainement. Que sont les pauvres hurlements d’un comédien, auprès du rugissement d’un lion ?…

— Moi, je ne comprends pas qu’on permette à ce Morok d’attacher sa panthère dans un coin du théâtre avec une chaîne à un anneau de fer… Si la chaîne cassait ?

— À propos de chaîne brisée… voilà la petite madame de Blinville qui n’est pas une tigresse… La voyez-vous aux secondes de face ?

— Ça lui va très bien d’avoir brisé, comme vous dites, la chaîne conjugale ; elle est très en beauté cette année.