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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/12

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quel déjeuner singulier ! quel feu étrange ! quelle chambre bizarre !

Que l’on s’imagine une assez vaste pièce, éclairée par deux fenêtres sans rideaux, car ces croisées donnant sur des terrains vagues, le maître du logis n’avait à craindre aucuns regards indiscrets. L’un des côtés de la chambre servait de vestiaire : l’on y voyait, appendu à un portemanteau, le galant costume de débardeur de Rose-Pompon, non loin de la vareuse de canotier de Philémon et de ses larges culottes de grosse toile grise, aussi goudronnées, mille sabords ! mille requins ! mille baleines ! que si cet intrépide matelot avait habité la grande hune d’une frégate pendant un voyage de circumnavigation. Une robe de Rose-Pompon se drapait gracieusement au-dessus des jambes d’un pantalon à pieds, qui semblaient sortir de dessous la jupe. Placée sur la dernière tablette d’une petite bibliothèque singulièrement poudreuse et négligée, on voyait, à côté de trois vieilles bottes (pourquoi trois bottes ?) et de plusieurs bouteilles vides, on voyait une tête de mort, souvenir d’ostéologie et d’amitié laissé à Philémon par un sien ami, étudiant en médecine. Par suite d’une plaisanterie fort goûtée dans le pays latin, cette tête tenait, entre ses dents, magnifiquement blanches, une pipe de