Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/132

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Puis s’adressant à Djalma :

— Voyons, prince Charmant, comme on dit dans les contes de fées, rendez-moi mon bouquet.

Et elle le reprit.

— Vous l’avez porté à vos lèvres, j’aurais presque envie de le croquer…

Et elle ajouta tout bas en soupirant et en jetant un regard passionné sur Djalma :

— Ce monstre de Nini-Moulin ne m’a pas trompée… Tout ça c’est très-honnête, je n’ai pas seulement… ça à me reprocher.

Et du bout de ses petites dents blanches elle mordit le bout de l’ongle rose de sa main droite, qu’elle avait dégantée.

Est-il besoin de dire que la lettre d’Adrienne n’avait pas été remise au prince, et qu’il n’était nullement allé passer la journée à la campagne avec le maréchal Simon ? Depuis trois jours que M. de Montbron n’avait vu Djalma, Faringhea lui avait persuadé qu’en affichant un autre amour il réduirait mademoiselle de Cardoville. Quant à la présence de Djalma au théâtre, Rodin avait su par Florine que sa maîtresse allait le soir à la Porte-Saint-Martin.

Avant que Djalma l’eût reconnue, Adrienne, sentant ses forces défaillir, avait été sur le point de quitter le théâtre ; l’homme qu’elle