Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/134

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bon nombre de spectateurs, de ce qui se passait à l’avant-scène :

— Cette révoltante exhibition de mœurs sauvages est du moins parfaitement d’accord avec le reste du programme.

— Certes, dit la marquise, et mon cher oncle aura perdu ce qu’il y aura peut-être de plus amusant à voir.

— M. de Montbron ? dit vivement Adrienne avec une amertume à peine contenue, oui… il regrettera de ne pas avoir tout vu… Il me tarde qu’il arrive… N’est-ce pas à lui que je dois cette charmante soirée ?

Peut-être madame de Morinval eût remarqué l’expression de sanglante ironie qu’Adrienne n’avait pu complètement dissimuler, si tout à coup un rugissement rauque, prolongé, retentissant, n’eût attiré son attention et celle de tous les spectateurs, restés, nous l’avons dit, jusqu’alors fort indifférents aux scènes de remplissage destinées à amener l’apparition de Morok sur le théâtre.

Tous les yeux se tournèrent instinctivement vers la caverne située à gauche du théâtre, au-dessous de la loge de mademoiselle de Cardoville ; un frisson de curiosité ardente parcourut toute la salle.

Un second rugissement encore plus sonore,