Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/163

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toujours froid, et l’évêque belge Halfagen, qui avait toujours chaud ; le père d’Aigrigny les accompagnait.

Le cardinal romain était un grand homme, plus osseux que maigre, et à la physionomie hautaine et rusée, à la figure jaunâtre et bouffie ; il louchait beaucoup, et ses yeux noirs étaient profondément cernés d’un cercle brun. L’évêque belge était un petit homme court, gros, trapu, à l’abdomen proéminent, au teint apoplectique, au regard délibéré, à la main potelée, molle et douillette.

Bientôt la compagnie fut rassemblée dans le grand salon ; le cardinal alla bientôt se coller à la cheminée, tandis que l’évêque, commençant à suer et à souffler, lorgnait de temps à autre le chocolat et le café glacé qui devaient l’aider à supporter les ardeurs de cette canicule artificielle.

Le père d’Aigrigny, s’approchant de la princesse, lui dit à demi-voix :

— Voulez-vous donner ordre que l’on introduise ici l’abbé Gabriel de Rennepont, qui viendra vous demander ?

— Ce jeune prêtre est donc ici ? demanda la princesse avec une vive surprise.

— Depuis avant-hier. Nous l’avons fait mander à Paris par ses supérieurs… Vous saurez