Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

puisque je suis allée chez cette pauvre fille pour lui tenir compagnie.

À cette affirmation, l’écrivain religieux chantonna entre ses dents d’un air parfaitement incrédule et narquois.

— C’est-à-dire que j’ai fait des traits à Philémon ! s’écria Rose-Pompon en cassant une noix avec l’indignation de la vertu injustement soupçonnée.

— Je ne dis pas des traits, mais un seul petit trait mignon et couleur de rose… pompon.

— Je vous dis que ce n’était point pour mon plaisir que je me suis absentée d’ici… au contraire, car, pendant ce temps-là… cette pauvre Céphyse a disparu…

— Oui, la reine Bacchanal est en voyage, la mère Arsène m’a dit cela ; mais quand je vous parle Philémon, vous me répondez Céphyse… ça n’est pas clair.

— Que je sois mangée par la panthère noire que l’on montre à la Porte-Saint-Martin, si je ne vous dis pas vrai… Et à propos de ça, il faudra que vous louiez deux stalles pour me mener voir ces animaux, mon petit Nini-Moulin. On dit que c’est des amours de bêtes féroces.

— Ah çà ! êtes-vous folle ?

— Comment ?

— Que je guide votre jeunesse comme un