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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/232

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reprises ; cette sorte d’admiration qu’inspire toujours le courage, si fou, si aveugle qu’il soit, parut à d’autres spectateurs (en petit nombre, il est vrai) une sorte de défi jeté au courroux céleste ; aussi accueillirent-ils le cortège par des murmures irrités.

Ce spectacle extraordinaire et les diverses impressions qu’il causait étaient trop en dehors des faits habituels pour pouvoir être justement appréciés : l’on ne sait en vérité si cette courageuse bravade mérite la louange ou le blâme.

D’ailleurs, l’apparition de ces fléaux qui, de siècle en siècle, déciment les populations, a presque toujours été accompagnée d’une sorte de surexcitation morale, à laquelle n’échappait aucun de ceux que la contagion épargnait ; vertige fiévreux et étrange qui tantôt met en jeu les préjugés les plus stupides, les passions les plus féroces, tantôt inspire, au contraire, les dévouements les plus magnifiques, les actions les plus courageuses, exalte enfin chez les uns la peur de la mort jusqu’aux plus folles terreurs, tandis que chez d’autres le dédain de la vie se manifeste par les plus audacieuses bravades.

Songeant assez peu aux louanges ou au blâme qu’elle pouvait mériter, la mascarade arriva jusqu’à la porte du restaurateur, et y fit