À la vue de ce flacon, plusieurs voix s’écrièrent :
— C’est du poison… Voyez-vous ! il a du poison sur lui…
À cette accusation, les cris redoublèrent, et l’on commença de serrer l’abbé d’Aigrigny de si près, qu’il s’écria :
— Ne me touchez pas… ne m’approchez pas…
— Si c’est un empoisonneur, dit une voix, pas plus de grâce pour lui que pour l’autre…
— Moi… un empoisonneur ! s’écria l’abbé, frappé de stupeur.
Ciboule s’était précipitée sur le flacon ; le carrier le saisit, le déboucha, et dit au père d’Aigrigny en le lui tendant :
— Et ça ? qu’est-ce que c’est ?
— Cela n’est pas du poison !… s’écria le père d’Aigrigny.
— Alors… bois-le…, repartit le carrier.
— Oui… oui… qu’il le boive ! cria la foule.
— Jamais ! reprit le père d’Aigrigny avec épouvante.
Et il recula en repoussant vivement le flacon de la main.
— Voyez-vous ! c’est du poison… il n’ose pas boire ! cria-t-on.