Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/285

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Et là, au milieu des cris d’une joie féroce, on précipita ces débris sanglants dans la rivière…

Maintenant, ne frémit-on pas en songeant que, dans un temps d’émotion populaire, il suffit d’un mot, d’un seul mot dit imprudemment par un homme honnête, et même sans haine, pour provoquer un si effroyable meurtre ?

C’est peut-être un empoisonneur !…

Voilà ce qu’avait dit le buveur du cabaret de la Calandre… rien de plus… et Goliath avait été impitoyablement massacré…

Que d’impérieuses raisons pour faire pénétrer l’instruction, les lumières, dans les dernières profondeurs des masses… et mettre ainsi bien des malheureux à même de se défendre de tant de préjugés stupides, de tant de superstitions funestes, de tant de fanatismes implacables !… Comment demander le calme, la réflexion, l’empire de soi-même, le sentiment de la justice, à des êtres abandonnés, que l’ignorance abrutit, que la misère déprave, que les souffrances courroucent, et dont la société ne s’occupe que lorsqu’il s’agit de les enchaîner au bagne ou de les garrotter pour le bourreau ?

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Le cri terrible dont Morok avait été épou-