Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

épais mélange de farine de moutarde ; sur la cheminée on voyait épars plusieurs morceaux de linge et des bandes de toile.

Il régnait dans cette chambre cette odeur pharmaceutique émanant des médicaments, particulière aux endroits occupés par les malades, mélangée d’une senteur si âcre, si putride, si nauséabonde, que le cardinal s’arrêta un moment auprès de la porte sans avancer.

Ainsi que les révérends pères l’avaient prétendu dans leur promenade, Rodin vivait parce qu’il s’était dit :

Il faut que je vive, et je vivrai

Car de même que de faibles imaginations, de lâches esprits, succombent souvent à la seule terreur du mal, de même aussi, mille faits le prouvent, la vigueur de caractère et l’énergie morale peuvent lutter opiniâtrement contre le mal et triompher des positions quelquefois désespérées.

Il en avait été ainsi du jésuite… L’inébranlable fermeté de son caractère, et l’on dirait presque la redoutable ténacité de sa volonté (car la volonté acquiert parfois une sorte de toute-puissance mystérieuse dont on est effrayé), venant en aide à l’habile médication du docteur Baleinier, Rodin avait échappé au fléau dont il avait été si rapidement atteint. Mais à