Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/35

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primé. Après avoir relu plusieurs fois les lignes dont elle avait été si frappée, oubliant sans doute la lettre pour l’esprit, elle se prit à réfléchir si profondément, que le livre glissa de ses mains et tomba sur le tapis…

Durant le cours de cette rêverie, le regard de la jeune fille s’était arrêté d’abord machinalement sur un admirable bas-relief supporté par un chevalet d’ébène, et placé près de l’une des croisées.

Ce magnifique bronze, récemment fondu d’après un plâtre moulé sur l’antique, représentait le triomphe du Bacchus indien. Jamais l’art grec n’était peut-être arrivé à une si rare perfection.

Le jeune conquérant, à demi vêtu d’une peau de lion qui laissait admirer la pureté juvénile et charmante de ses formes, rayonnait d’une beauté divine. Debout dans un char traîné par deux tigres, l’air doux et fier à la fois, il s’appuyait d’une main sur un thyrse, et de l’autre, il guidait avec une majesté tranquille son farouche attelage… À ce rare mélange de grâce, de vigueur et de sérénité, on reconnaissait le héros qui avait livré de si rudes combats aux hommes et aux monstres des forêts.

Grâce au ton fauve du relief, la lumière, en frappant cette sculpture de côté, faisait admi-