Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/423

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péré, était une des causes du suicide de cette infortunée ;… depuis la disparition de son journal, elle croyait que le forgeron connaissait le triste secret de ces pages navrantes ; quoiqu’elle ne doutât pas de la générosité, du bon cœur d’Agricol, elle se défiait tant d’elle-même, elle ressentait une telle honte de cette passion, pourtant bien noble, bien pure, que, dans l’extrémité où elle et Céphyse s’étaient trouvées réduites, manquant toutes deux de travail et de pain, aucune puissance humaine ne l’aurait forcée d’affronter le regard d’Agricol… pour lui demander aide et secours.

Sans doute, la Mayeux eût autrement envisagé sa position, si son esprit n’eût pas été troublé par cette sorte de vertige dont les caractères les plus fermes sont souvent atteints lorsque le malheur qui les frappe dépasse toutes les bornes ; mais la misère, mais la faim, mais l’influence, pour ainsi dire contagieuse dans un tel moment, des idées de suicide de Céphyse ; mais la lassitude d’une vie depuis si longtemps vouée à la douleur, aux mortifications, portèrent le dernier coup à la raison de la Mayeux ; après avoir longtemps lutté contre le funeste dessein de sa sœur, la pauvre créature, accablée, anéantie, finit par vouloir partager le sort de Céphyse, voyant du