Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/489

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remords d’avoir agi si cavalièrement ; aussi ses intentions, d’abord fort hostiles à l’endroit de mademoiselle de Cardoville, se modifiaient peu à peu.

Pourtant, mademoiselle Rose-Pompon, étant très-mauvaise tête et ne voulant pas paraître subir une influence dont se révoltait son amour-propre, tâcha de reprendre son assurance ; et après avoir fermé la porte au verrou, elle dit à Adrienne :

Faites-vous la peine de vous asseoir, madame.

Toujours pour montrer qu’elle n’était pas étrangère au beau langage.

Mademoiselle de Cardoville prenait machinalement une chaise, lorsque Rose-Pompon, bien digne de pratiquer cette antique hospitalité qui regardait même un ennemi comme un hôte sacré, s’écria vivement :

— Ne prenez pas cette chaise-là, madame ; elle a un pied de moins.

Adrienne mit la main sur un autre siége.

— Ne prenez pas celle-là non plus, le dossier ne tient à rien du tout, s’écria de nouveau Rose-Pompon.

Et elle disait vrai, car le dossier de cette chaise (il représentait une lyre) resta entre les mains de mademoiselle de Cardoville, qui