Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/515

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fonde et partagée, une mutuelle, une aveugle confiance ? Eh bien ! Madeleine, ce dévouement, cette tendresse, cette confiance, nous les aurons l’un pour l’autre, oui, plus encore que par le passé ; dans mille occasions, ton secret t’inspirait de la crainte, de la défiance… à l’avenir, au contraire, tu me verras si radieux de remplir ainsi ton bon et vaillant cœur, que tu seras heureuse de tout le bonheur que tu me donnes… Ce que je te dis là est égoïste… c’est possible ; tant pis !… je ne sais pas mentir.

Plus le forgeron parlait, plus la Mayeux s’enhardissait… Ce qu’elle avait surtout redouté dans la révélation de son secret, c’était de le voir accueilli par la raillerie, le dédain, ou une compassion humiliante ; loin de là, la joie et le bonheur se peignaient véritablement sur la mâle et loyale figure d’Agricol ; la Mayeux le savait incapable de feinte ; aussi s’écria-t-elle cette fois sans confusion, et au contraire, elle aussi… avec une sorte d’orgueil :

— Toute passion sincère et pure a donc cela de beau, de bien, de consolant, mon Dieu ! qu’elle finit toujours par mériter un touchant intérêt lorsqu’on a pu résister à ses premiers orages ! elle honorera donc toujours et le cœur qui l’inspire et le cœur qui l’éprouve. Grâce à toi, Agricol ; grâce à tes bonnes paroles qui me