Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/109

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exerce une sorte d’attraction vertigineuse, ces prêtres creusent cet abîme autour de leur victime, jusqu’à ce qu’éperdue… fascinée… elle plonge incessamment son regard fixe et ardent au fond de ce précipice qui doit l’engloutir… sinistre naufrage dont leur cupidité recueille les épaves…

En vain l’azur de l’éther, les rayons d’or du soleil brillent au firmament ; en vain l’infortuné sent qu’il serait sauvé en levant les yeux vers le ciel ;… en vain il y jette même quelquefois un coup d’œil furtif ; mais bientôt, cédant à la toute-puissance du charme infernal jeté sur lui par ces prêtres malfaisants, il replonge ses regards au fond du gouffre béant qui l’attire…

Il en était ainsi de M. Hardy. Gabriel comprit tout le danger de la position de ce malheureux, et réunissant toutes ses forces pour l’arracher à cet accablement, il s’écria :

— Que parlez-vous, mon frère, de pitié, de dédain ? Qu’y a-t-il donc de plus sacré, de plus saint au monde, aux yeux de Dieu et des hommes, qu’une âme qui cherche la foi pour s’y fixer après la tourmente des passions ? Rassurez-vous, mon frère, vos blessures ne sont pas incurables ;… une fois hors de cette maison… croyez-moi, elles guériront rapidement.