Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est espérer au lieu de se désespérer ; la prière… enfin, ce sont des larmes qui retombent sur le cœur comme une rosée bienfaisante… au lieu de ces pleurs qui le brûlent… Oui ! je vous comprends, vous… car vous ne me dites pas : Souffrir… c’est prier… Non, non, je le sens… vous dites vrai en disant : Espérer, pardonner, c’est prier ;… oui, et grâce à vous maintenant… je rentrerai dans la vie sans crainte…

Puis, les yeux humides de larmes, M. Hardy tendit les bras à Gabriel, en s’écriant :

— Ah ! mon frère… pour la seconde fois, vous me sauvez.

Et ces deux bonnes et vaillantes créatures se jetèrent dans les bras l’une de l’autre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Rodin et le père d’Aigrigny avaient, on le sait, assisté invisibles à cette scène ; Rodin, écoutant avec une attention dévorante, n’avait pas perdu une parole de cet entretien.

Au moment où Gabriel et M. Hardy se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, Rodin retira soudain son œil de reptile du trou par lequel il regardait.

La physionomie du jésuite avait une expression de joie et de triomphe diabolique. Le père d’Aigrigny, que le dénouement de cette scène