Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/138

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En prononçant ces trois derniers mots, Rodin s’avança de trois pas vers M. Hardy, accompagnant chaque pas d’un geste menaçant.

Si l’on songe à l’état d’affaissement, de trouble, d’épouvante, où se trouvait M. Hardy ; si l’on songe que le jésuite venait de remuer et d’agiter au fond de l’âme de cet infortuné tous les ferments sensuels et spirituels d’un amour refroidi par les larmes, mais non pas éteint ; si l’on songe, enfin, que M. Hardy se reprochait aussi d’avoir séduit une femme que l’oubli de ses devoirs pouvait, selon la religion des catholiques, condamner aux flammes éternelles, on comprendra l’effet terrifiant de cette fantasmagorie évoquée dans cette silencieuse solitude, à la tombée du jour, par ce prêtre à figure sinistre.

Aussi cet effet fut-il pour M. Hardy saisissant, profond, et d’autant plus dangereux, que le jésuite, avec une astuce diabolique, ne faisait que développer, pour ainsi dire, quoiqu’à un autre point de vue, les idées de Gabriel.

Le jeune prêtre n’avait-il pas convaincu M. Hardy que rien n’était plus doux, plus ineffable que de demander à Dieu le pardon de ceux qui nous ont fait du mal ou que nous avons égarés ?… Or, le pardon implique l’idée