Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/158

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il s’agenouilla, commençant de ranger symétriquement des bûches dans une caisse placée près du foyer ; après quelques minutes occupées de la sorte, ce domestique, toujours agenouillé, s’approchant insensiblement d’une autre porte, placée à peu de distance de la cheminée, parut prêter l’oreille avec une profonde attention, comme s’il eût voulu tâcher d’entendre si l’on parlait dans la pièce voisine.

Cet homme, employé comme domestique subalterne dans la maison, avait l’air le plus ridiculement stupide que l’on puisse imaginer ; ses fonctions consistaient à porter le bois, à faire les commissions, etc., etc. ; il servait du reste de jouet et de risée aux autres domestiques ; dans un moment de bonne humeur, Dagobert, qui remplissait à peu près les fonctions de majordome, avait baptisé cet imbécile du nom de Jocrisse ; ce surnom lui était resté, surnom mérité, d’ailleurs, de tous points, par la maladresse, par la sottise de ce personnage et par sa plate figure, au nez grotesquement épaté, au menton fuyant, aux yeux bêtes et écarquillés ; que l’on joigne à ce signalement une veste de serge rouge sur laquelle se découpait le triangle d’un tablier blanc, et l’on conviendra que ce niais était parfaitement digne de son sobriquet.

Néanmoins, au moment où Jocrisse prêtait