Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/171

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tout de suite ce monsieur que je viens pour quelque chose de très-important, et qu’il faut que je le voie à l’instant. » Cet homme, me croyant d’accord avec l’abbé, nous fait entrer ; au bout d’un instant l’abbé d’Aigrigny ouvre la porte, me voit, recule et disparaît ; mais, cinq minutes après, j’étais en présence de M. Hardy.

— Eh bien ! dit Dagobert avec intérêt.

Agricol secoua tristement la tête et reprit :

— Rien qu’à la physionomie de M. Hardy, j’ai vu que tout était fini. M. Hardy, s’adressant à moi, d’une voix douce, mais ferme, me dit : « Je conçois, j’excuse même le motif qui vous amène ici ; mais je suis décidé à vivre désormais dans la retraite et dans la prière ; je prends cette résolution librement, volontairement, parce que je songe au salut de mon âme ; du reste, dites à vos camarades que mes dispositions sont telles qu’ils conserveront de moi un bon souvenir. » Et comme j’allais parler, M. Hardy m’a interrompu en me disant : « C’est inutile, mon ami, ma détermination est inébranlable ; ne m’écrivez pas, vos lettres resteraient sans réponse… La prière m’absorbera désormais tout entier ; adieu, excusez-moi si je vous quitte, mais le voyage m’a fatigué. » Il disait vrai, car il était pâle comme un spectre, il avait même, ce me semble, quelque chose