Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/210

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soient vives, car ceux qui vous aiment s’en ressentent cruellement.

— Encore des reproches ! monsieur…

— Eh bien ! oui, mon général, oui, des reproches…, s’écria Dagobert ; ce sont vos enfants qui auraient plutôt à se plaindre de vous, à vous accuser de froideur, puisque vous les méconnaissez ainsi.

— Monsieur…, dit le maréchal en se contenant avec peine, monsieur… c’est assez… c’est trop…

— Oh ! oui, c’est assez…, reprit Dagobert avec une émotion croissante ; au fait, à quoi bon défendre de malheureuses enfants qui ne savent que se résigner et vous aimer ?… à quoi bon les défendre contre votre malheureux aveuglement ?

Le maréchal fit un mouvement d’impatience et de colère, puis il reprit avec un sang-froid forcé :

— J’ai besoin de me rappeler… tout ce que je vous dois… et je ne l’oublierai pas… quoi que vous fassiez…

— Mais, mon général, s’écria Dagobert, pourquoi ne voulez-vous pas que j’aille chercher vos enfants ?

— Mais vous ne voyez donc pas que cette scène me brise, me tue ? s’écria le maréchal