Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/271

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— Lui écrire… ma sœur ;… mais non… tu le sais bien, il nous écrira, lui,… mais nous ne pouvons pas lui répondre…

— C’est vrai… Alors… une idée. Écrivons-lui toujours, à son adresse ici. Dagobert mettra les lettres à la poste, et, à son retour, notre père lira notre correspondance.

— Tu as raison, c’est charmant. Que de folies nous allons lui conter, puisqu’il les aime !

— Et nous aussi… il faut l’avouer, nous ne demandons pas mieux que d’être gaies.

— Oh ! certes… les dernières paroles de notre père nous ont donné tant de courage, n’est-ce pas, sœur ?

— Moi, en l’écoutant, je me sentais intrépide au sujet de son départ.

— Et quand il nous a dit : « Mes enfants, je vais vous confier… ce que je puis vous confier… J’avais à remplir un devoir sacré ;… pour cela il me fallait vous quitter pendant quelque temps ; et quoique je fusse assez aveugle pour douter de votre tendresse, je ne pouvais me résoudre à vous abandonner ;… cependant ma conscience était inquiète, agitée ; le chagrin abat tellement que je n’avais pas la force de prendre une décision, et les jours se passaient ainsi dans des hésitations remplies d’angoisses ; mais une fois certain de votre tendresse, tout