Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— T’en iras-tu ! criait le soldat à Jocrisse toujours agenouillé, car, grâce à l’avantage de cette position, cet homme savait pouvoir dire un certain nombre de paroles avant que Dagobert pût le mettre à la porte.

— M. Dagobert, disait Jocrisse d’une voix dolente, pardon d’avoir conduit ici monsieur sans vous prévenir ; mais, hélas ! j’ai la tête perdue à cause du malheur qui est arrivé à madame Augustine…

— Quel malheur ? s’écrièrent aussitôt Rose et Blanche, en s’approchant vivement de Jocrisse avec inquiétude.

— T’en iras-tu ! reprit Dagobert en secouant Jocrisse par le collet pour le forcer à se relever.

— Parlez… parlez…, reprit Blanche en s’interposant entre le soldat et Jocrisse, qu’est-il donc arrivé à madame Augustine ?…

— Mademoiselle, se hâta de dire Jocrisse, malgré les bourrades du soldat, madame Augustine a été attaquée cette nuit du choléra et on l’a…

Jocrisse ne put achever, Dagobert lui assena dans la mâchoire le plus glorieux coup de poing qu’il eût donné depuis longtemps, et puis usant de sa force encore redoutable pour son âge, l’ancien grenadier à cheval, d’un poignet vigoureux, redressa Jocrisse sur ses jambes, et d’un