Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/295

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intrigues amoureuses. Un air de grande dame, tempéré, nuancé çà et là de retours de simplicité cordiale, pendant lesquels madame de Saint-Dizier jouait merveilleusement bien la bonne femme, se joignait à ces séduisantes apparences.

Telle était la princesse lorsqu’elle se présenta devant les filles du maréchal Simon et devant Dagobert. Bien corsée dans sa robe de moire grise qui dissimulait autant que possible sa taille trop replète, un chaperon de velours noir et de nombreuses boucles de cheveux blonds encadraient son visage à trois mentons grassouillets, encore fort agréable, et auquel un regard d’une aménité charmante, un gracieux sourire, qui mettait en valeur des dents très-blanches, donnaient l’expression de la plus aimable bienveillance.

Dagobert, malgré sa mauvaise humeur, Rose et Blanche, malgré leur timidité, se sentirent tout d’abord prévenus en faveur de madame de Saint-Dizier ; celle-ci, s’avançant vers les jeunes filles, leur fit une demi-révérence du meilleur air, et leur dit, de sa voix onctueuse et pénétrante :

— C’est à mesdemoiselles de Ligny que j’ai l’honneur de parler ?

Rose et Blanche, peu habituées à s’entendre donner le nom honorifique de leur père, rou-