Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/303

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tement à quelques pas d’ici… tout près de votre maison. Une des salles était presque entièrement remplie de pauvres créatures du peuple apportées là mourantes ; tout à coup je vois entrer une femme de mes amies, accompagnée de ses deux filles, jeunes, charmantes et charitables comme vous, et bientôt toutes trois, la mère et ses deux filles, se mettent, ainsi que d’humbles servantes du Seigneur, aux ordres des médecins pour soigner ces infortunées.

Les deux sœurs échangèrent un regard impossible à rendre en entendant ces paroles de la princesse, paroles perfidement calculées pour exalter jusqu’à l’héroïsme les penchants généreux des jeunes filles ; car Rodin n’avait pas oublié leur émotion profonde en apprenant la maladie subite de leur gouvernante ; la pensée rapide, pénétrante du jésuite, avait aussitôt tiré parti de cet incident, et aussitôt il avait enjoint à madame de Saint-Dizier d’agir en conséquence.

La dévote continua donc en jetant sur les orphelines un regard attentif, afin de juger de l’effet de ses paroles :

— Vous pensez bien qu’au premier rang de ceux qui accomplissent cette mission de charité, l’on compte les ministres du Seigneur… Ce matin même, dans cet établissement de se-