Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/309

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— Serait-il possible ?… s’écria la princesse d’un air alarmé. Votre pauvre mère est morte sans l’assistance d’un ministre du Seigneur ?

— Ma sœur et moi nous avons veillé auprès d’elle après l’avoir ensevelie, en priant Dieu pour elle… comme nous savions le prier…, dit Rose les yeux baignés de larmes ; puis Dagobert a creusé la fosse où elle repose.

— Ah ! mes chères enfants ! dit la dévote en feignant un accablement douloureux.

— Qu’avez-vous, madame ? s’écrièrent les orphelines effrayées.

— Hélas !… votre digne mère, malgré toutes ses vertus, n’est pas encore montée au paradis parmi les élus.

— Que dites-vous, madame ?

— Malheureusement, elle est morte sans avoir reçu les sacrements, de sorte que son âme reste errante parmi les âmes du purgatoire, attendant ainsi l’heure de la clémence du Seigneur… Délivrance qui peut être hâtée, grâce à l’intercession des prières que l’on prononce chaque jour dans les églises pour le rachat des âmes en peine.

Madame de Saint-Dizier prit un air si désolé, si convaincu, si pénétré, en prononçant ces paroles ; les jeunes filles avaient un sentiment filial si profond, que, dans leur ingé-