Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/31

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moine dans ces repaires ; on a tyrannisé leur conscience, qui leur permettait de perdre sur une carte les dernières ressources de leur famille.

Oui, nous le demandons positivement, sincèrement, sérieusement : quelle différence y a-t-il entre un homme qui ruine ou qui dépouille les siens à force de jouer rouge ou noir, et l’homme, qui ruine et dépouille les siens dans l’espoir douteux d’être heureux ponte à ce jeu d’enfer ou de paradis, que certains prêtres ont eu la sacrilège audace d’imaginer afin de s’en faire les croupiers[1] ?

  1. La Démocratie Pacifique et le National ont dernièrement parlé d’une captation opérée par des prêtres par d’abominables moyens : il s’agit d’un héritage de huit millions ; l’affaire sera portée prochainement devant les tribunaux. Voici une note qui nous est communiquée ; nous en garantissons l’authenticité, mais nous tairons seulement les noms propres par convenance.

    M. ***, très-riche industriel possédant la fabrique de ***, près ***, vient de faire donation (par-devant maître ***, notaire à Paris) d’un million, pour qu’à sa mort on établisse une maison de jésuites ; les enfants n’y seront admis que sur des renseignements pris sur la dévotion des pères et des grands-pères. Cet acte a été fort difficile à faire légaliser ; il y a même eu de la part du gouvernement du roi une assez vive opposition ; mais l’habileté des fils d’Ignace a eu le dessus. Les révérends pères ont du reste tellement abusé de la crédulité du dona-