Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/312

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conspirerons pour le prochain rachat de l’âme de votre pauvre mère…

À peine la dévote avait-elle prononcé ces derniers mots avec componction, que le soldat rentra, l’air épanoui, rayonnant. Dans son contentement, il ne s’aperçut pas de l’émotion que les deux sœurs ne parvinrent pas à dissimuler tout d’abord.

Madame de Saint-Dizier, voulant distraire l’attention du soldat, lui dit en se levant et en allant vers lui :

— Je n’ai pas voulu prendre congé de ces demoiselles, monsieur, sans vous adresser sur leurs rares qualités toutes les louanges qu’elles méritent.

— Ce que vous me dites là, madame, ne m’étonne pas… mais je n’en suis pas moins heureux. Ah çà, vous avez, je l’espère, chapitré ces mauvaises petites têtes sur la contagion du dévouement…

— Soyez tranquille, monsieur, dit la dévote en échangeant un regard d’intelligence avec les deux jeunes filles, je leur ai dit tout ce qu’il fallait leur dire ; nous nous entendons maintenant.

Ces mots satisfirent complètement Dagobert, et madame de Saint-Dizier, après avoir pris affectueusement congé des orphelines, regagna