Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/33

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sombre allée de vieux ifs, ces arbres des tombeaux à la verdure sépulcrale, aboutissant, d’un côté, à ce mur sinistre, et de l’autre à un petit hémicycle pratiqué devant la chambre ordinairement habitée par M. Hardy ; deux ou trois massifs de terre, bordés de buis symétriquement taillé, complétaient l’agrément de ce jardin, de tous points pareil à ceux qui entourent les cénotaphes.

Il était environ deux heures après midi ; quoiqu’il fît un beau soleil d’avril, ses rayons, arrêtés par la hauteur du grand mur dont on a parlé, ne pénétraient déjà plus dans cette partie du jardin, obscure, humide, froide comme une cave, et sur laquelle s’ouvrait la chambre où se tenait M. Hardy.

Cette chambre était meublée avec une parfaite entente du confortable : un moelleux tapis couvrait le plancher ; d’épais rideaux de casimir vert sombre, de même nuance que la tenture, drapaient un excellent lit, ainsi que la porte-fenêtre donnant sur le jardin… Quelques meubles d’acajou, très-simples, mais brillants de propreté, garnissaient l’appartement. Au-dessus du secrétaire, placé en face du lit, on voyait un grand christ d’ivoire sur un fond de velours noir ; la cheminée était ornée d’une pendule à cartel d’ébène, avec de sinistres em-