Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/353

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au ciel ses yeux baignés de larmes, âmes angéliques !… trésors d’innocence et de candeur, remontez… remontez au ciel !… puisque, hélas ! Dieu vous rappelle à lui, comme si la terre n’était pas digne de vous posséder.

— Ma sœur !… mon père !…

Tels furent les mots suprêmes que les orphelines prononcèrent d’une voix mourante…

Puis, les deux sœurs, par un dernier mouvement instinctif, semblèrent vouloir se serrer l’une contre l’autre, leurs paupières appesanties se soulevèrent à demi, comme pour échanger encore un regard ; alors elles frissonnèrent deux ou trois fois ; leurs membres s’affaissèrent… et un profond soupir s’exhala de leurs lèvres violettes, faiblement entr’ouvertes…

Rose et Blanche étaient mortes !…

Gabriel et la sœur Marthe, après avoir fermé la paupière des orphelines, s’agenouillèrent pour prier auprès de la couche funèbre.

Tout à coup un grand tumulte se fit entendre dans la salle.

Bientôt des pas précipités, mêlés d’imprécations, retentirent ; le rideau qui environnait cette scène lugubre s’ouvrit, et Dagobert entra précipitamment, pâle, égaré, les habits en désordre…

À la vue de Gabriel et de la sœur de charité