Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/359

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charmante, qui accompagne à merveille les longues boucles de cheveux de la jeune fille qui encadrent son visage et tombent presque jusque sur son sein arrondi.

À l’expression de bonheur ineffable qui épanouit les traits de mademoiselle de Cardoville se joint certain air résolu, railleur, incisif, qui ne lui est pas habituel ; sa ravissante tête semble se redresser plus vaillante encore sur un cou gracieux et blanc comme celui d’un cygne ; on dirait qu’une ardeur mal contenue dilate ses petites narines roses et sensuelles, et qu’elle attend avec une impatience hautaine le moment d’une lutte agressive et ironique…

Non loin d’Adrienne est la Mayeux ; elle a repris dans la maison la place qu’elle y avait d’abord occupée ; la jeune ouvrière porte le deuil de sa sœur ; son visage exprime une tristesse douce et calme ; elle regarde mademoiselle de Cardoville avec surprise, car jamais jusqu’alors elle n’a vu la physionomie de la belle patricienne empreinte de cette expression d’audace et d’ironie.

Mademoiselle de Cardoville n’avait pas la moindre coquetterie, dans le sens étroit et vulgaire de ce mot ; pourtant elle jetait un regard interrogatif sur la glace devant laquelle elle se tenait debout ; puis, après avoir rendu sa sou-