Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/377

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croissante, resta silencieux, attentif, et ses traits charmants perdirent même de leur sérénité première.

La Mayeux se sentait aussi sous le coup d’une impression de plus en plus pénible ; elle jetait tour à tour des regards craintifs sur la princesse, implorant vers Adrienne, comme pour supplier celle-ci de cesser un entretien dont la jeune ouvrière pressentait les suites funestes.

Mais, malheureusement, madame de Saint-Dizier avait alors trop d’intérêt à prolonger cette entrevue, et mademoiselle de Cardoville, puisant un nouveau courage, une nouvelle et audacieuse confiance, dans la présence de l’homme qu’elle adorait, ne voulait que trop jouir du cruel dépit que causait à la dévote la vue d’un amour heureux, malgré tant de complots infâmes tramés par elle et par ses complices.

Après un instant de silence, madame de Saint-Dizier prit la parole et dit d’un ton doucereux et insinuant :

— Mon Dieu, prince, vous ne sauriez croire combien j’ai été ravie d’apprendre par le bruit public (car on ne parle pas d’autre chose, et pour raison), d’apprendre, dis-je, votre adorable affection pour ma chère nièce, car, sans