Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/385

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sa belle main à Djalma, qui, s’agenouillant, y imprima un baiser de feu dont l’ardeur fit monter un léger nuage rose au front de la jeune fille.

L’Indien, se plaçant alors sur le tapis d’hermine aux pieds de mademoiselle de Cardoville, dans une attitude remplie de grâce et de respect, appuya son menton sur la paume de l’une de ses mains et, plongé dans une adoration muette, il se mit à contempler silencieusement Adrienne qui, penchée vers lui, souriante, heureuse, mirait, comme dit la chanson, dans ses yeux ses yeux, avec autant d’amoureuse complaisance que si la dévote étouffant de haine n’eût pas été là.

Mais bientôt Adrienne, comme si quelque chose eût manqué à son bonheur, appela d’un signe la Mayeux, et la fit asseoir auprès d’elle ; alors, une main dans la main de cette excellente amie, mademoiselle de Cardoville, souriant à Djalma en adoration devant elle, jeta sur la princesse, de plus en plus stupéfaite, un regard à la fois si suave, si ferme, si serein, et qui peignait si noblement l’invincible quiétude de sa félicité et l’inabordable hauteur de ses dédains pour la calomnie, que madame de Saint-Dizier, bouleversée, hébétée, balbutia quelques paroles à peine intelligibles d’une voix frémis-