Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/389

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de la ruine d’Adrienne. La jeune fille avait posé, sans le lire, ce papier sur un guéridon placé à sa portée. D’un geste rempli de grâce, elle fit signe à Djalma de venir s’asseoir auprès d’elle ; celui-ci, obéissant à ce désir, quitta, non sans regret, la place qu’il occupait aux pieds de la jeune fille.

— Mon ami, lui dit Adrienne d’un ton grave et tendre, vous m’avez souvent… et impatiemment demandé quand arriverait le terme de l’épreuve que nous nous imposions ;… cette épreuve touche à sa fin.

Djalma tressaillit, et ne put retenir un léger cri de bonheur et de surprise ; mais cette exclamation presque tremblante fut si suave, si douce, qu’elle semblait plutôt le premier cri d’une ineffable reconnaissance, que l’accent passionné du bonheur.

Adrienne continua :

— Séparés… environnés d’embûches, de mensonges, mutuellement trompés sur nos sentiments, pourtant nous nous aimions, mon ami ;… en cela, nous suivions un irrésistible et sûr attrait, plus fort que les événements contraires ; mais depuis, durant ces jours passés dans une longue retraite où nous venons de vivre isolés de tout et de tous, nous avons appris à nous estimer, à nous honorer davantage…