Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/395

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pense qu’un homme s’avilit en acceptant le droit d’être tyrannique et lâche ; quoique résolu de ne pas user de ce droit… comme vous il me serait impossible de penser que ce n’est pas à votre cœur seulement, mais à l’éternelle contrainte d’un lien indissoluble que je dois tout ce que je ne veux tenir que de vous ; comme vous, je pense qu’il n’y a de dignité que dans la liberté… Mais, vous l’avez dit, à cet amour si grand, si saint, vous voulez une consécration divine… et si vous repoussez des serments que vous ne sauriez faire sans folie, sans parjure, il en est d’autres que votre raison, que votre cœur accepteraient. Cette consécration divine… qui nous la donnera ? Ces serments, entre les mains de qui les prononcerons-nous ?

— Dans bien peu de jours, mon ami… je pourrai, je crois, vous le dire ;… chaque soir… après votre départ… je n’avais pas d’autre pensée que celle-là : trouver le moyen de nous engager, vous et moi, aux yeux de Dieu, mais en dehors des lois, et dans les seules limites que la raison approuve, ceci sans heurter les exigences, les habitudes d’un monde dans lequel il peut nous convenir de vivre plus tard… et dont il ne faut pas blesser les susceptibilités apparentes ; oui, mon ami,