Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/399

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rayonne d’inépuisable bonté de la céleste auréole de leur cœur embrasé !… Oh ! oui, oui, je le sens, bien des larmes seront séchées, bien des cœurs glacés par le chagrin seront ravivés par le feu divin de notre amour !… Et c’est aux bénédictions de ceux que nous aurons sauvés que l’on connaîtra la sainte ivresse de nos voluptés !

Aux regards éblouis de Djalma, Adrienne devenait de plus en plus un être idéal, participant de la Divinité par les inépuisables trésors de sa bonté… de la créature sensuelle par l’ardeur… car Adrienne, cédant malgré elle à l’entraînement de la passion, attachait sur Djalma des regards étincelants d’amour.

Alors éperdu, insensé, l’Indien, se jetant aux pieds de la jeune fille, s’écria d’une voix suppliante :

— Grâce… je n’ai plus de courage ;… pitié, ne parle plus ainsi… Oh ! ce jour… que d’années de ma vie… je donnerais pour le hâter !…

— Tais-toi… tais-toi… pas de blasphème… tes années… m’appartiennent…

— Adrienne !… tu m’aimes ?

La jeune fille ne répondit pas ;… mais son regard profond, brûlant, à demi voilé… porta le dernier coup à la raison de Djalma ; saisissant