Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/423

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trée des alliés à Paris. Singulier magasin, dans lequel les ouvrières étaient toujours beaucoup plus jolies et beaucoup plus fraîches que les chapeaux qu’elles accommodaient.

Il serait assez difficile de dire par quels moyens cette créature était parvenue à se créer une fortune considérable, sur laquelle les révérends pères, parfaitement insoucieux de l’origine de ces biens, pourvu qu’ils les puissent empocher (ad majorem Dei gloriam), avaient de sérieuses visées. Ils avaient procédé selon l’A b c de leur métier. Cette femme était d’un esprit faible, vulgaire, grossier. Les révérends pères, parvenant à s’introduire auprès d’elle, ne l’avaient pas trop blâmée de ses abominables antécédents. Ils avaient même trouvé moyen d’atténuer ses peccadilles, car leur morale est facile et complaisante, mais ils lui avaient déclaré que, de même qu’un veau devient taureau avec l’âge, les peccadilles grandissaient dans l’impénitence ; et que, croissant en vieillissant, elles finissaient par atteindre les proportions de péchés énormes, et alors comme punition redoutable de ces péchés énormes, était venue la fantasmagorie obligée du diable et de ses cornes, de ses flammes et de ses fourches ; dans le cas, au contraire où la répression de ces peccadilles arriverait en temps