Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout à coup Faringhea entra chez le prince sans avoir frappé à la porte selon son habitude.

Au bruit que fit le métis en entrant, Djalma tressaillit, releva la tête et regarda autour de lui avec surprise ; mais, à la vue de cette physionomie pâle, bouleversée de l’esclave, il se leva vivement, et, faisant quelques pas vers lui, s’écria :

— Qu’as-tu, Faringhea ?

Après un moment de silence, et comme s’il eût cédé à une hésitation pénible, Faringhea, se jetant aux pieds de Djalma, murmura d’une voix faible, avec un accablement désespéré, presque suppliant :

— Je suis bien malheureux ;… ayez pitié de moi, monseigneur !

L’accent du métis fut si touchant, la grande douleur qu’il semblait éprouver donnait à ses traits, ordinairement impassibles et durs comme ceux d’un masque de bronze, une expression tellement navrante, que Djalma se sentit attendri, et, se courbant pour relever le métis, lui dit avec affection :

— Parle… parle… ; la confiance apaise les tourments du cœur… Aie confiance, ami… et compte sur moi… ; l’ange me le disait il y a peu de jours encore : l’amour heureux ne souffre pas de larmes autour de lui.