Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/47

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larmes de l’humanité, se trouvait ainsi habilement sauvé aux yeux de M. Hardy, dont les généreux instincts subsistaient toujours. Bientôt cette âme aimante et tendre, que ces prêtres indignes poussaient à une sorte de suicide moral, trouva un charme amer à cette fiction : que du moins ses chagrins profiteraient à d’autres hommes. Ce ne fut d’abord, il est vrai, qu’une fiction ; mais un esprit affaibli qui se complaît dans une pareille fiction l’admet tôt ou tard comme réalité, et en subit peu à peu toutes les conséquences.

Tel était donc l’état moral et physique de M. Hardy, lorsque, par l’intermédiaire d’un domestique gagné, il avait reçu d’Agricol Baudoin une lettre qui lui demandait une entrevue.

Le jour de cette entrevue était arrivé.

Deux ou trois heures avant le moment fixé pour la visite d’Agricol, le père d’Aigrigny entra dans la chambre de M. Hardy.