Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/484

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dont les portes, une fois fermées, interceptaient tout bruit, toute communication du dehors.

Ceci rappelé, poursuivons.

Depuis trois ou quatre jours, le père d’Aigrigny occupait cet appartement ; il ne l’avait pas choisi, mais il avait été amené à l’accepter sous des prétextes d’ailleurs parfaitement plausibles que lui avait donnés le révérend père économe, à l’instigation de Rodin.

Il était environ midi.

Le père d’Aigrigny, assis dans un fauteuil auprès de la porte-fenêtre qui donnait sur le triste petit jardin, tenait à la main un journal du matin, et lisait ce qui suit aux nouvelles de Paris :

« Onze heures du soir. — Un événement aussi horrible que tragique vient de jeter l’épouvante dans le quartier Richelieu. Un double assassinat a été commis sur une jeune fille et sur un jeune artisan. La jeune fille a été tuée d’un coup de poignard ; on espère sauver les jours de l’artisan. On attribue ce crime à la jalousie. La justice informe. À demain les détails. »

Après avoir lu ces lignes, le père d’Aigrigny jeta le journal sur la table et devint pensif.

— C’est incroyable, dit-il avec une envie amère, songeant à Rodin. Le voici arrivé au but qu’il s’était proposé ;… presque aucune de