Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/91

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Rodin, l’œil collé à son trou, et le père d’Aigrigny l’oreille au guet, ne perdirent donc pas un mot de l’entretien suivant auquel ils assistèrent invisibles.

— Le voilà… mon brave frère, monsieur, dit Agricol à M. Hardy en lui présentant Gabriel ; le voilà, le meilleur, le plus digne des prêtres… Écoutez-le, vous renaîtrez à l’espérance, au bonheur, et vous nous serez rendu. Écoutez-le, vous verrez comme il démasquera les fourbes qui vous abusent par de fausses apparences religieuses ; oui, oui, il les démasquera, car il a été aussi victime de ces misérables, n’est-ce pas, Gabriel ?

Le jeune missionnaire fit un mouvement de la main pour modérer l’exaltation du forgeron, et dit à M. Hardy, de sa voix douce et vibrante :

— Si, dans les pénibles circonstances où vous vous trouvez, monsieur, les conseils d’un de vos frères en Jésus-Christ peuvent vous être utiles, disposez de moi… D’ailleurs, permettez-moi de vous le dire, je vous suis déjà bien respectueusement attaché.

— À moi, M. l’abbé ? dit M. Hardy.

— Je sais, monsieur, reprit Gabriel, vos bontés pour mon frère adoptif ; je sais votre admirable générosité envers vos ouvriers ; ils vous chérissent, ils vous vénèrent, monsieur ; que la