vœu secret ou avoué de toutes les femmes aussi merveilleusement douées que toi est de vivre dans un milieu où elles puissent rayonner de tout leur éclat, dis un mot, et…
— Je ne peux, Maurice, que te répéter : Mon unique vœu est de passer mes jours près de toi, ainsi que par le passé, — répondit Jeane. — Je n’ai jamais menti, pourquoi mentirais-je à cette heure ?
— Je te crois, je te crois, et cependant…
Puis, étouffant un soupir, Maurice ajouta :
— Mon Dieu ! Jeane, dois-je donc désormais vivre dans une perplexité continuelle ? tâcher de lire sur ton visage si ton consentement apparent ne cache pas un regret ? si la douceur de ton sourire n’est pas celle de la résignation à une obscure destinée que tu subis uniquement par amour de moi ?
La jeune fille allait de nouveau protester de sa sincérité, lorsque, satisfait, quant au présent, d’avoir jeté dans l’âme des deux fiancés des germes de trouble ou d’indécision sur l’avenir, et certains ferments d’ambition qui, l’heure venue, devaient, selon lui, se développer, San-Privato, voulant rassurer momentanément Maurice, reprit :
— Ah ! mon ami, l’accent de la vérité est irrésistible. Il est impossible d’en douter… notre cousine Jeane, ainsi qu’elle l’affirme, n’a pas d’autre désir que de vivre obscurément près de toi, et de ceci elle vient de me persuader complétement, moi qui, tout à l’heure encore, hésitais à la croire. Ah ! maintenant, combien je rends grâce à cette pénétration qui m’a permis de lire au fond de votre cœur à tous deux, et de provoquer ainsi des explications si favorables pour nous tous. Ainsi, toi, Maurice, tu acquiers la douce conviction que la future compagne de ta vie ne désire, n’ambitionne, ni pour elle ni pour toi, rien en dehors du cercle restreint où se sont jusqu’ici passés vos jours. Et vous, chère cousine, vous avez acquis une nouvelle preuve de la tendresse de Maurice, prêt, disait-il, à sacrifier aux vôtres ses habitudes et ses penchants, si jamais vous désiriez briller de tout l’éclat qui est en vous. Enfin, s’il m’est permis de parler de moi, j’ai tout lieu d’espérer que vous n’éprouverez plus à mon égard cette vive répulsion dont la cause était, à vos yeux, chère cousine, ma prétendue supériorité sur Maurice. Or, fût-elle réelle au lieu d’être imaginaire, il n’aurait rien à redouter de la comparaison, puisque vous l’aimez tel qu’il est, et que vos humbles vœux à tous deux sont et seront comblés. Ainsi donc, mes amis, la glace est brisée, nous voici remis en toute confiance et sécurité les uns envers les autres ; ma