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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/413

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IX


Un médecin du voisinage, mandé en hâte par M. Dumirail au milieu de la nuit, mit le premier appareil sur la blessure de madame Dumirail. Cette blessure, en elle-même peu dangereuse, n’offrait d’autre gravité que les conséquences possibles du contrecoup. Le même docteur, afin d’apaiser la crise nerveuse de Maurice, toujours délirant, lui administra une potion calmante, et il tomba dans une sorte de torpeur à laquelle succéda un sommeil profond.

M. Dumirail, après avoir veillé sa femme jusqu’au jour, la quitta, la voyant assoupie, et se retira dans sa chambre, où il chercha quelque repos. Vers dix heures du matin, l’un des garçons de l’hôtel vint le prévenir que deux messieurs désiraient absolument parler à M. Maurice, et que, apprenant qu’il n’était pas encore levé, ils avaient répondu qu’ils attendraient l’heure à laquelle il pourrait les recevoir, le sujet de leur visite étant de la plus haute importance. M. Dumirail, mis en éveil et en défiance par les aveux échappés à son fils durant son ivresse à propos de ses relations avec des usuriers, éprouva une curiosité inquiète à l’endroit de la persistance des deux étrangers à vouloir absolument entretenir Maurice d’un objet, disaient-ils, de la plus haute importance. Il les fit donc prier d’entrer dans le salon de son appartement, où il alla les rejoindre, et se trouva en présence de deux hommes d’un extérieur très-distingué, jeunes encore et d’une parfaite courtoisie.

— Messieurs, — dit M. Dumirail, — en l’absence de M. Maurice assez gravement indisposé, puis-je savoir le sujet de votre visite ?

— Il s’agit de quelque chose de tellement sérieux, — répondit d’un ton pénétré l’un des deux personnages, — qu’avant de vous répondre, monsieur, vous nous permettrez de vous demander à qui nous avons l’honneur de parler ?

— Je suis l’un des amis de Maurice, — reprit M. Dumirail son-