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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/444

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cette fois, à n’en pouvoir douter, la préoccupation de plus en plus frappante de son mari, à mesure qu’il voyait dépassée l’heure à laquelle Charles Delmare avait promis de ramener Maurice sain et sauf.

— Mon ami, — reprit madame Dumirail avec anxiété, — je lis sur ton visage une inquiétude croissante ; décidément, tu me caches quelque chose.

— Tu te trompes.

— Non, je ne me trompe pas.

— Chère Julie !

— Voici bientôt deux heures et demie ; il est impossible que Maurice ne soit pas éveillé…

— Encore une fois, je le répète, s’il était éveillé, ne serait-il pas déjà venu près de toi, afin de s’informer de ta santé, mon amie ?

— Il n’importe ! ce sommeil incroyablement prolongé ne me semble pas naturel et m’alarme, — reprit madame Dumirail.

Puis, allongeant son bras vers le cordon de sonnette de son alcôve, elle l’agita précipitamment.

— Maurice est si robuste, mon Dieu ! qui sait si, après tant de vives émotions, il n’aura pas été atteint d’un coup de sang ?

Josette parut en ce moment, appelée par la sonnette de madame Dumirail, qui lui dit :

— Allez frapper à la porte de la chambre de mon fils, et, s’il dort, éveillez-le.

— Comment, madame, — reprit Josette ébahie ; — mais il y a près de trois heures que M. Maurice est déjà…

Puis, remarquant, sans en comprendre la signification, un geste d’intelligence de M. Dumirail, la servante lui demanda naïvement :

— Plaît-il, monsieur ?… de quoi ?

— J’en étais certaine, on me cache quelque chose, un nouveau malheur sans doute ! — s’écria madame Dumirail de plus en plus alarmée. — Josette, répondez, je vous l’ordonne… Où est mon fils ? que lui est-il arrivé ?

— Il ne lui est rien arrivé du tout, ma bonne madame, rassurez-vous. M. Maurice est sorti il y a bientôt trois heures…

— Cependant, mon ami, tu m’affirmais que mon fils dormait profondément ; tu ne réponds rien ? Mon Dieu !… pourquoi m’as-tu menti ?

— Madame, — reprit Josette, — je vous jure, foi d’honnête