dites-vous, majeur et maître de vos actes. Cependant, une question ?…
Et la voix de M. Dumirail s’altéra, car la pensée qu’il voulait fuir revenait fatalement à son esprit.
— Pour vivre à Paris, il vous faut de l’argent ?
— Je le sais, mon père.
— Or, comme vous n’avez pas à attendre un sou de moi, tant que vous resterez ici, de quelle manière subviendrez-vous à vos besoins ?
— Mon père, — balbutia Maurice avec un embarras croissant, car il n’osait et ne pouvait répondre qu’il comptait sur l’héritage maternel, — je serai très-modéré dans mes dépenses.
— Il n’importe ; si modérées qu’elles soient, comment y subviendrez-vous ? — reprit M. Dumirail poursuivant son fils d’un regard pénétrant et inexorable. — Où trouverez-vous de l’argent ?
— Que cela, mon père, ne vous inquiète pas.
— Vous continuerez sans doute d’emprunter aux usuriers ?
— Non, certainement !… oh ! non !… — répondit involontairement Maurice ; — rassurez-vous, mon père, je n’aurai plus désormais recours à des emprunts usuraires…
— Ah ! — fit M. Dumirail en tressaillant, car la secrète pensée de son fils, dont il s’était jusqu’alors efforcé de douter, lui apparaissait alors dans toute sa hideur.
Et il reprit d’un ton d’indignation contenue :
— Puisque vous ne contracterez pas de dettes, encore une fois, comment vous procurerez-vous de l’argent ?
— Il est inutile, en un moment si triste, d’entrer dans de pareils détails, mon père, et je…
— Mais, j’y songe, — reprit vivement M. Dumirail feignant d’être surpris par une idée subite, — vous croyez peut-être hériter de votre mère ?
— Eh bien ?… — s’écria d’abord Maurice avec un accent d’une odieuse naïveté qui, évidemment, signifiait : « Certes, je compte sur l’héritage de ma mère. »
Puis, après un moment de réflexion, commençant d’entrevoir ce qu’il y avait d’alarmant dans la demande de son père, Maurice reprit :
— Pourquoi, je vous prie, m’adressez-vous cette question ?
— Parce que vous êtes dupe d’une erreur.
— Une erreur ! Quelle erreur ?
— Les cendres de votre mère sont à peine refroidies, et déjà