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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/121

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CHAPITRE X.


Comment M. Lebrenn, son fils, Georges le menuisier, et leurs amis, défendirent leur barricade. — Ce que venait faire Pradeline dans cette bagarre et ce qu’il lui advint. — Oraison funèbre de Flamèche par le père Bribri. — Comment le grand-père la Nourrice fut amené à jeter son bonnet de coton sur la troupe du haut de sa mansarde. — Entretien philosophique du père Bribri, qui avait une jambe cassée, et d’un garde municipal ayant les reins brisés. — Comment celui-ci trouva que le père Bribri avait de bien bon tabac dans sa tabatière. — Dernière improvisation de Pradeline sur l’air de la Rifla.— Comment, ensuite, d’une charge de cavalerie, le colonel de Plouernel fit un cadeau à M. Lebrenn au moment où la République était proclamée à l’Hôtel de ville.




Peu de temps après l’exécution du voleur, le jour commença de poindre.

Soudain, des hommes placés en éclaireurs aux angles des rues avoisinant la barricade qui s’élevait presque à la hauteur des croisées de l’appartement de M. Lebrenn, se replièrent en criant :Aux armes ! après avoir tiré leur coup de fusil.

Aussitôt on entendit des tambours, muets jusqu’alors, battre la charge, et deux compagnies de garde municipale, débouchant par la rue latérale, s’avancèrent résolument pour enlever la barricade. En un instant elle fut intérieurement garnie de combattants.

M. Lebrenn, son fils, Georges Duchêne et leurs amis se postèrent et armèrent leurs fusils.

Le père Bribri, grand amateur de tabac, prévoyant qu’il n’aurait guère le loisir de priser, puisa une dernière fois dans sa tabatière, saisit son mousqueton et s’agenouilla derrière une sorte de meurtrière ménagée entre plusieurs pavés, tandis que Flamèche, son pistolet à la