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CHAPITRE XI.


Comment la famille du marchand de toile, Georges Duchêne et son grand-père, assistèrent à une imposante cérémonie et à une touchante manifestation, aux cris de Vive la république ! — Comment le numéro onze cent vingt, forçat au bagne de Rochefort, fut menacé du bâton par un argousin et eut un entretien avec un général de la république, et ce qu’il en advint. — Ce que c’était que ce général et ce forçat.


1848-1849.




Après la bataille, après la victoire, l’inauguration du triomphe et la glorification des cendres des victimes !

Quelques jours après le renversement du trône de Louis-Philippe, vers les dix heures du matin, la foule se pressait aux abords de l’église de la Madeleine, dont la façade disparaissait entièrement sous d’immenses draperies noires et argent. Au fronton du monument on lisait ces mots :

république française
Liberté — Égalité — Fraternité.

Un peuple immense encombrait les boulevards, où s’élevaient, depuis la Bastille jusqu’à la place de la Madeleine, deux rangs de hauts trépieds funéraires. Ce jour-là, on honorait les mânes des citoyens morts en février pour la défense de la liberté. Un double cordon de garde nationale, commandée en premier par le digne général Courtais, et en second par un vieux soldat de la cause républicaine, le brave Guinard, formait la haie.