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CHAPITRE XIII.


Comment le jour anniversaire de la naissance de son fils M. Lebrenn lui ouvre cette chambre mystérieuse qui causait tant d’étonnements à Gildas Pakou, le garçon de magasin. — Comment Sacrovir Lebrenn et Georges Duchêne, son beau-frère, désespéraient du salut de la république et du progrès de l’humanité. — Pourquoi M. Lebrenn, fort de ce que renfermait la chambre mystérieuse, était au contraire plein de foi et de certitude sur l’avenir de la république et de l’humanité.




Le lendemain matin du retour de M. Lebrenn, jour de l’anniversaire de la naissance de son fils, qui atteignait à cette époque sa vingt-et-unième année, la famille du marchand était rassemblée dans le salon.

— Mon enfant, — dit M. Lebrenn à son fils, — tu as aujourd’hui vingt-et-un ans, le moment est venu de t’ouvrir cette chambre aux volets fermés, qui a si souvent excité ta curiosité. Tu vas voir ce qu’elle contient… Je t’expliquerai le but et la cause de cette espèce de mystère… Alors, j’en suis convaincu, mon enfant, ta curiosité se changera en un pieux respect… Un mot encore : le moment de t’initier à ce mystère de famille semble providentiellement choisi. Depuis hier, tout à notre tendresse, nous avons eu peu le temps de parler des affaires publiques ; cependant, quelques mots qui te sont échappés, ainsi qu’à vous, mon cher Georges, — ajouta M. Lebrenn en s’adressant au mari de sa fille, — me font craindre que vous ne soyez découragés… presque désespérés.

— Cela n’est que trop vrai, mon père, — répondit Sacrovir.

— Quand on est témoin de ce qui se passe chaque jour, — ajouta