Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/178

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lés, ils se transmettaient nécessairement aussi les causes de cette vengeance, et en outre les faits les plus importants de chaque génération ; c’est ainsi que nos archives se sont trouvées écrites d’âge en âge jusqu’à aujourd’hui.

— Vous avez raison, mon père, — dit Sacrovir ; — cette coutume explique ce qui nous avait d’abord semblé si extraordinaire.

— Tout à l’heure, mes enfants, — reprit le marchand, — je vous donnerai d’autres éclaircissements sur la langue employée dans ces manuscrits ; laissez-moi d’abord appeler vos regards sur ces pieuses reliques, qui vous diront tant de choses après la lecture de ces manuscrits… Cette faucille d’or, — ajouta M. Lebrenn en replaçant le bijou sur la table, — est donc le symbole du manuscrit numéro 1, portant la date de l’an 57 avant Jésus-Christ. Vous le verrez, ce temps a été pour notre famille, libre alors, une époque de joyeuse prospérité, de mâles vertus, de fiers enseignements. C’était, hélas ! la fin d’un beau jour… de terribles maux l’ont suivi, l’esclavage, les supplices, la mort… — Et après un moment de silence pensif, le marchand reprit : — En un mot, chacun de ces manuscrits vous dira presque siècle par siècle la vie de nos aïeux.

Pendant quelques instants, les enfants de M. Lebrenn, non moins silencieux et émus que leur père, parcoururent d’un regard avide ces débris du passé, dont nous donnerons une sorte de nomenclature chronologique, comme s’il s’agissait de l’inventaire du cabinet d’un antiquaire.

Nous l’avons dit, à la petite faucille d’or était joint un manuscrit portant la date de l’an 57 avant Jésus-Christ.

Au manuscrit no 2, portant la date de l’an 56 avant Jésus-Christ, était jointe une clochette d’airain, pareille à celle dont on garnit aujourd’hui en Bretagne les colliers des bœufs.

Cette clochette datait donc au moins de dix-neuf cent six ans…..

Au manuscrit no 3, portant la date de l’année 50 après Jésus-Christ, était joint un fragment de collier de fer, ou carcan, rongé