Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/182

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sabre d’honneur à garde de cuivre doré, avec ces inscriptions gravées des deux côtés de la lame : 


République française.
Liberté — Égalité — Fraternité.
Jean Lebrenn a bien mérité de la patrie.

Enfin l’on voyait, mais sans être accompagnés de manuscrit, et seulement portant la date de 1848 et 1849, les deux derniers objets dont se composait cette collection :

Le casque de dragon donné par le comte de Plouernel à M. Lebrenn.

La manille ou l’anneau de fer que le marchand avait porté au bagne de Rochefort.

On comprendra sans doute avec quel pieux respect, avec quelle ardente curiosité, ces débris du passé furent examinés par la famille du marchand. Il interrompit le silence pensif que gardaient ses enfants pendant cet examen, et reprit :

— Ainsi, vous le voyez, mes enfants, ces manuscrits racontent l’histoire de notre famille plébéienne depuis près de deux mille ans ; aussi cette histoire pourrait-elle s’appeler l’histoire du peuple, de ses vicissitudes, de ses coutumes, de ses mœurs, de ses douleurs, de ses fautes, de ses excès, parfois même de ses crimes ; car l’esclavage, l’ignorance et la misère dépravent souvent l’homme en le dégradant. Mais, grâce à Dieu, dans notre famille les mauvaises actions ont été rares, tandis que nombreux ont été les traits de patriotisme et d’héroïsme de nos aïeux, gaulois et gauloises, pendant leur longue lutte contre la conquête des Romains et des Franks ! Oui, hommes et femmes… car vous le verrez dans bien des pages de ces récits, les femmes, en dignes filles de la Gaule, ont rivalisé de dévouement, de vaillance ! Aussi plusieurs de ces figures touchantes ou héroïques resteront chéries et glorifiées dans votre mémoire comme les saints de notre légende domestique… Un dernier mot sur la langue em-